Budget 2022-2023 : Les soins dentaires encore exclus des priorités du gouvernement
Montréal, le 24 mars 2022 – Alors que le budget déposé par le ministre des Finances accorde 54,3 milliards à la santé, l’Association des chirurgiens dentistes du Québec (ACDQ) déplore que les soins dentaires comptent encore une fois parmi les grands absents des priorités financières du gouvernement.
Dans le cadre des consultations prébudgétaires, l’ACDQ a pourtant proposé au gouvernement des orientations constructives pour minimiser les effets de la rareté de la main-d’œuvre sur les cliniques dentaires et faciliter l’accès aux soins buccodentaires, au bénéfice de l’ensemble des citoyens.
Parmi les recommandations formulées dans un mémoire transmis au gouvernement en janvier dernier :
- Augmenter l’offre de formation en hygiène dentaire afin de mieux servir l’ensemble du Québec, et plus spécifiquement l’Est du Québec, par la création d’un programme collégial en Techniques d’hygiène dentaire au Cégep de Matane.
- Accorder un pardon de prêt aux étudiant(e)s en médecine dentaire qui choisissent de pratiquer dans les régions rurales et éloignées.
- Revoir certains paramètres du programme en CHSLD, notamment les ressources financières et les modalités d’application, bonifier l’enveloppe budgétaire allouée au programme pour prendre en compte la totalité des coûts réellement engagés, et élargir le panier de services du programme afin d’y inclure un ensemble de traitements répondant à tous les besoins de la clientèle admissible.
- Rembourser les soins buccodentaires qui sont exigés avant une chirurgie aux personnes à faible revenu.
Les soins buccodentaires ont un impact indéniable sur la santé globale de la population, mais aussi sur la santé économique du Québec par les retombées de plus de deux milliards par année que génèrent les activités des cliniques dentaires en offrant des emplois de choix partout sur le territoire.
Citations du président de l’ACDQ, le Dr Carl Tremblay
**La santé englobe aussi les dents **
Malheureusement, le gouvernement ne semble pas avoir conscience de l’importance de la santé buccodentaire sur la santé globale de toute personne. Il ne semble pas non plus considérer les dentistes comme des alliés dans le cadre du rétablissement du système de santé. Au Québec, on retrouve plus de 5300 dentistes qui pratiquent dans quelque 2500 cliniques réparties dans l’ensemble de la province, sans compter les dentistes qui travaillent en santé publique, en milieu hospitalier, en milieu universitaire et dans le Grand Nord. Alors, lorsque le gouvernement dit vouloir améliorer les services de première ligne partout au Québec, il devrait tenir compte des dentistes dans l’équation. Ces derniers font partie des acteurs de première ligne qui travaillent sur le terrain à traiter bien souvent des cas qui se seraient autrement retrouvés dans les urgences ou en clinique médicale.
La rareté de la main-d’œuvre fait mal aussi aux cliniques dentaires
Nous constatons déjà que la rareté de la main-d’œuvre a des conséquences sur l’accessibilité des soins dentaires quand on regarde, par exemple, ce qui se passe dans l’Est du Québec. Les cliniques doivent composer avec un manque de personnel ou avec une hausse de la rémunération des employés en raison de la pénurie de main-d’œuvre. Celle-ci peut donc avoir un effet non seulement sur la disponibilité des soins, mais aussi éventuellement sur leur coût.
Par ailleurs, si on se compare avec l’Ontario, au prorata de la population, il manque au Québec 1000 hygiénistes dentaires. L’ACDQ a sonné l’alarme auprès des différents ministères à maintes reprises au cours des dernières années en proposant des pistes de solution simples et rapides à mettre en place. On peut donc se demander pourquoi le programme des techniques d’hygiène dentaire n’est pas ciblé par les bourses Perspective Québec quand la profession d’hygiéniste figure parmi les professions considérées par le gouvernement comme étant en déficit dans 14 régions du Québec. Il y a urgence d’agir pour éviter que la situation ne s’aggrave et nuise à l’offre en soins dentaires.
Finissons-en avec la négociation de l’entente-cadre pour parler d’autres enjeux
Quand on constate l’ampleur de l’enveloppe budgétaire de 54,3 milliards dédiée à la santé, qui subira une croissance de 6,3 % en 2022-2023, on a de la difficulté à comprendre pourquoi le gouvernement peine à conclure une entente, dont l’enveloppe actuelle est d’à peine 150 millions de dollars, avec les dentistes pour à tout le moins assurer la pérennité du régime public de soins dentaires. Rappelons que l’entente-cadre du régime public de soins dentaires est échue depuis 2015.
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